Robert et les femmes
Egarons-nous un moment.
Voici ce que nous dit le Robert (oui, j'ai des lectures de chevet tout à fait excitantes) :
"MINUSCULES.
[...]
B. - Emploi abusif.
Parallèlement
à l'emploi abusif des capitales, on observe une tendance inverse dans
l'écriture des snobs, sur les écrans de télévision, les titres des
livres, les cartes de visite, les enseignes... Elle consiste à ne pas
mettre de majuscules aux noms propres (le Lot n'est pas le lot). Ce qui conduit à de curieuses rencontres : me boucher et mme (pour : Me Boucher et Mme).
Sait-on que cette manière d'écrire était une farce des "dadas" des
années 20 (ils mettaient même quelquefois la majuscule à la finale des
noms : boucheR) qui a été prise au sérieux ? Ne prenons pas cela pour une élégance, c'est une faute, et la preuve qu'on est un naïf."
Si
vous ne croyez pas le Robert, si vous doutez qu'il y ait des gens pour
oublier volontairement quelques majuscules et essayer illusoirement d'accéder
par là à un certain degré d'élégance, tournez quelques pages de ce site.
Ou
bien balladez-vous sur des blogs. Vous observerez toutefois que la
tendance inverse est bien plus répandue : surtout sur les blogs
féminins, on trouve beaucoup de majuscules superflues. Beaucoup, oui,
et surtout aux mots Amour, Amitié, Art, Autre, Littérature, Nature et, parfois, Connard.
Les majuscules aux mots des femmes ne
sont, pour la plupart, que tromperie. Elles veulent nous faire croire
qu'il y a de la grandeur dans ce monde. Elles veulent répandre cette
croyance nauséabonde en un amour avec un grand A, et elles ne parlent
pas du fleuve, ces connes. Ne nous méprenons pas non plus sur le sens
de ce qu'elle appellent "l'Autre". L'Autre, ce n'est pas toi. L'Autre
ce n'est jamais toi. La majuscule est là pour marquer l'entrée dans
l'abstraction, la conceptualisation, ce qui équivaut souvent, pour
elles, à la philosophie.
Enfin, ami mâle, ne te leurre pas sur la
signification du terme "Connard". Ici, le piège est subtil, car pour une fois, la majuscule est
méritée. Un connard, il n'y en a qu'un. Monsieur Connard est
en effet l'équivalent moderne du prince charmant. Le bad boy, le méchant, celui
qui les emmènera loin et leur fera vivre l'aventure. Car c'est bien
connu, le Connard est généreux et ne pense qu'à faire vivre à sa
compagne l'épanouissement de ses rêves de femme. Si l'on te traite de
Connard, tu as donc toutes tes chances. Tu es justement ce qu'elles
recherchent, alors accroche-toi. Tu n'es pas un simple connard, un enfoiré de base, tu es Connard, leur héros enfin arrivé.