Tombe, soleil.
Enfin l'hiver.
Le froid, la pluie, Paris glaciale, les vitres fermées, le gris, le béton, la vraie crasse, la boue,
les paillassons dégeulasses, les parapluies, les capuches, les grosses
godasses, les impairs, les têtes baissées, les doigts gelés, les gants
troués, les gamins en pleurs, les cheveux trempés, la fausse tristesse,
les rues dégoulinantes, les visages fades, les vitrines déprimantes,
les pommes de terre fumantes, les plages désertes, la nuit du début à
la fin, les chauffages en fonte, les clopes en quatrième vitesse, les
pavés glissants, les voitures sombres.
Disparus les bronzages
inhumains, les 15 milliards de piercings au nombril, les lunettes de
soleil dans les cheveux (ça fait 10 ans, les gars), les queues devant
les glaciers, la moitié de la planète à Montmartre, le livre ostensible
sur la petite table en terrasse à côté de la petite tasse de café
saisie par de petits doigts d'écrivaillon impotent de la très petite
Sorbonne, les 60°C du RER, les voitures claires, les rues claires, les
façades claires, les robes claires, les chaussures claires, les
vacances imposées, les bureaux fermés, l'air immobile, les sens
ralentis, le bonheur illusoire, la fête obligatoire, la fuite, le calme
avant la guerre, et pour une fois, là, le temps qui passe nous éloigne
de la mort - en nous rapprochant de l'hiver.
L'été est une simulation ; un mensonge ; une laideur. Quel dommage, la vie pourrait être si belle.