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Walhall
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14 août 2006

Crache, ça fait du bien

Ne pas se faire avoir. Ne vous laissez pas avoir. Nous ne sommes que des êtres faillibles. Et rions-en, parce qu'il faut avouer qu'il y a quelque chose d'irrésistiblement comique à lutter toute sa vie pour combler ses failles, rafistoler ses écorchures, ressouder ses membres et espérer qu'on va, un jour, arrêter de se casser la gueule. C'est marrant, parce que pour celui qui a peur, ça ne s'arrête jamais. Et pour celui qui y réfléchit, c'est presque aussi terrible. 
Il est ridicule de chercher le sens de la vie, pourrait-on dire. Mais je ne le dirai pas. Chercher le sens de la vie, c'est déjà quelque chose qui a du sens. C'est s'accrocher, ne pas se laisser sombrer, ne pas accepter que l'existence puisse être aussi vide. C'est, pour reprendre les mots d'une autre, accepter le fait que la vie, c'est du boulot.
Nous sommes des failles vivantes, nous passons notre temps à nous casser la gueule, à nous tromper, à nous mentir, à reculer, à gémir, à vomir, à pleurer, à déféquer, à redouter, à regarder en l'air, à ne rien voir. Voilà notre condition, elle est si simple qu'on se demande pourquoi personne ne l'accepte. Lutter contre, ce n'est pas l'accepter. Lutter contre, c'est renier sa part de puanteur, c'est croire à un échappatoire illusoire, c'est le premier pas vers un mysticisme débile et un effort pathétique de distinction. A l'inverse, certains préfèrent abandonner toute lutte et se laisser aller à une apologie de l'absurde qui déguise mal, parce qu'elle s'emploie trop grossièrement à montrer l'inverse, le besoin le plus primaire d'une consistance de l'existence.
Vivre, c'est lutter, mais avec toute cette merde, à son côté, en plein dedans même. Ca pue, mais ça fait partie de nous, et c'est tout aussi bon que ce qu'on pense bien meilleur. C'est pour cela qu'il faut parler, il faut dire toutes ces conneries qu'on a envie de cracher. Rien ne sert d'ôter à la vie ce qu'elle a de plus consistant - nous - lorsqu'on en recherche le sens ; en faisant ainsi, on se risque à la fantasmer ou à la détruire, et dans les deux cas, on s'expose à des blessures inutiles.

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